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Dentelle Corrosive II

L'érotisation croissante des filles et des adolescentes dans les médias, la banalisation des standards de beauté et du modèle relationnel provenant souvent de la pornographie, ainsi que l’augmentation de la tolérance sociale à l’égard de la sexualisation, ont favorisé l’apparition du phénomène de l’hypersexualisation ainsi que de la pornographisation.

Dans mon travail, j’utilise les photos de ma fille, alors âgée de 9 ans, vêtue de sous-vêtements féminins et d’un masque à gaz. Afin de la protéger de ce phénomène social, je lui fais porter ce masque, symbole d’une urgente protection contre cette banalisation médiatique de la sexualité qui s’insère dans l’espace public à notre insu. Par le marquage au fer, je rends visible l'expérience et le tangible, la chair blessée, la peau-marchandise, l’ornement.

Le marquage au fer est une technique que j'ai mis au point il y a quelques années. L’histoire du marquage au fer apparaît au Moyen Âge et cette pratique se fait sur les animaux aux fins d’identification. Il s’inscrit également dans le Code noir de l’esclavagisme ainsi que « [s]ous l’ancien droit [. Dans ce régime,] la peine de flétrissure consist[ait] à marquer au fer rouge l’épaule du condamné d’une fleur de lys » (Renneville, 2014, p. 1). Ainsi, cette empreinte marquait à vie les personnes qui subissaient cette torture. L’analogie avec l’hypersexualisation devient intéressante.

Tout comme le marquage au fer, appelé aussi branding, l’empreinte de l’hypersexualisation marque les jeunes filles, mais sous une autre facture. À leur insu et par le biais d’une empreinte quotidienne douce, mais acérée, elle s’inscrit dans leur mode de vie, leur perception envers elles-mêmes (réelle ou irréelle), qu’elles transposent et donnent à voir aux autres (apparence). Par le transpercement du papier par contact, le paraître se révèle être cisaillé, mais d’une manière subtile. Ces brûlures représentent-elles mon geste de mère qui veut protéger à jamais ma fille vulnérable? Ou est-ce un masque qui brûle les doigts, symbole d’une apparence mise sur un piédestal pour ces jeunes filles?

Dimensions
80 X 60 cm
Tirage
1
Technique
Xylogravure, Sérigraphie

Valérie Guimond

Valérie Guimond détient une maitrise en arts à l’Université du Québec à Trois-Rivières au Canada où elle y travaille comme chargée de cours et cheffe atelier en sérigraphie et gravure. Membre de l’Atelier Presse Papier de Trois-Rivières depuis plus de 20 ans et très engagée au sein de de l'association, elle a donné plusieurs conférences et workshop sur l’estampe et son travail, entres autres au Brésil, au Mexique ainsi qu’en Belgique. Elle a suivi plusieurs formations et résidences d’artistes à Gravity Press et à Zea Mays Printmaking aux États-Unis et à Bogota en Colombie.

On a pu voir le travail de Valérie Guimond dans plusieurs expositions solos et biennales au Canada, au Brésil, en Belgique, en Chine, en Serbie, au Danemark, en Bulgarie, au Mexique, en Colombie ainsi que dans plusieurs manifestations collectives internationales. Son travail fait partie de collections telles que le Museum Hunan Arts Publishing House en Chine et la Collection of Print Triennal of ULUS à Belgrade en Serbie.

Date de naissance : 28/05/1978

Nationalité : Canada

Expositions :
  • 2021-22 . Pas même un clignement, Atelier Presse Papier, Trois-Rivières, Canada
  • 2019 . Emprunts/Empreintes, JGC Gravure Contemporaine, Salon du Vieux Colombier de la Mairie du VIème arrondissement, Paris, France
  • 2018 . Las Falsas Princesas, Universidad Distrital Francisco José de Caldas, Bogota, Colombie
  • 2018 . Art : shared spaces, Bibliothèque d’Alexandrie, Alexandrie, Égypte
  • 2018 . Casse-Tête territorial, Luxembourg

Site web : valerieguimond.blogspot.com

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